• "La beat génération tenta de réveiller le corps et l'esprit: voyager sous tous les cieux, boire, se droguer, appeler Dieu ou le rejeter, abolir toutes les conventions, toutes les traditions, partir seul ou à plusieurs, rêver sa solitude, vivre son enthousiasme aussi bien que sa dépression, brûler sa vie jusqu'à se détruire..."








    La beat-génération, mouvement issu de jeunes américains fous de littérature et de jazz. Beat, ce tempo que produit une batterie de jazz. Tempo particulier qui donne une pulsion à la vie. Un rythme, une manière d'être. Par extension béatitude.
    Ces jeunes gens qui n'avait qu'un objectif, vivre en totalité, ont été pourtant à la source de la rupture de la jeunesse américaine avec tout le passé puritain, conformiste de leurs géniteurs. Pour Jack Kerouac, le terme " beat " signifie " être, d'une façon non dramatique, au pied de son propre mur ".




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     En 1957, Sur la route devenait le livre-symbole de la liberté, de la contestation des valeurs bourgeoises et de la révolte face à la cupidité du monde. Née à New York de l'amitié entre quatre hommes, Kerouac, Ginsberg, Cassady et Burroughs, la Beat Generation revendiquait des engagements politiques forts et refusait la course à l'argent mais revenons au tout début de l'histoire.....








    Le noyau originel de ce qui allait devenir, l'orchestration publicitaire aidant, la beat generation,




    naquit de la rencontre




    à New-York, en 1943-1944, d'un trio improbable, KEROUAC, GINSBERG et BURROUGHS




     


     
    William Burroughs (né en 1914) avait déjà trente ans; après des études d'anthropoilogie à Harvard, il vivait depetits mètiers et jouait au chat et à la souris avec la brigade des stupéfiants. Burroughs restera toujours proche de ses amis Beat, mais on peut penser que , sans la Beat geneartion, il aurait tout de même êcrit, avec un glacial humour d'arnaqueur pince-sans-rire, à mi-chemin entre W.C.Fields et Jonathan Swift, les textes où (depuis Junkie, 1953, et The Naker lunch, 1959) il débusque le spièges, linguistiques et autres, par où le système social nous traque. 







    Jack Kerouac, né en 1922 à Lowell, d'une famille franco-canadienne, avait joué au football américain, navigué dans la marine marchande; il rêvait d'être un nouveau Jack London, un second Thomas Wolfe.







    Quand à Allen Ginsberg né à Paterson en 1926, où son père, poête lui-même, était instituteur, il n'était encore qu'un tout jeune étudiant à l'université Columbia où ses frasqueq faisaient scandale. L trio fréquante le monde des paumés et des drogués de Times Square, se frotte à la petite pègre de "rues sans joie", découvre aussi l'envers nocturne de la grande ville, le Jazz de Harlem comme "l'aube blafarde des clochards à la dérive". John Clellon Holmes (né en 1930) a évoqué le climat de ces années dans Go (1952), le premier roman Beat. Depuis le XIXème siècle, le mot beat désignait le vagabond du rail voyageant clandestinement à bord des wagons de marchandises, dormant la nuit dans les "jungles" en contrebas des remblais. Passé dans le lexique des Jazzmen noirs (Man, I'm beat) auxquels les beats l'empruntèrent comme le reste de leur argot, il en vint à signifier une démarche, une manière de traverser la vie: être beat, c'éatait être en bout de course, à bout de souffle, exténué, foutu - l'impression "d'être réduit au tréfond de la conscience, d'être acculé au mur de soi-même" (Holmes) et de survivre, furtivement, dans les marges clandestines du monde urbain. Cette sensibilité de marginal, déjà esquissée par les films noirs où jouait Bogart, voire dès 1931 par Peter Lorre et sa manière, souvent imitée, de frôler les murs dans M le maudit de Fritz Lang. Kerouac y vit le style propre à toute un génération; il inventa le label: il y avait eu la "génération perdue", celle-ci était la génération "foutue" qui , parvenue au bout de la route, continuait "furtivement" à marcher. Norman Mailer (né en 1926 et compagnon de route des beats) devait en 1957 faire une analyse de ce "style" dans son essai The white Negro.



     

    L'appel du continent

    L'automne de 1946 débarque à New York, en provenance du Colorado, le légendaire Neal Cassady, le gosse de la route né en 1926 à Salt Lake City de parents migrants d'Oklahoma, Il sort de prison, est affamé d'expériences "sur le vif" et "sans entraves". L'énergie sauvage de ce voyou survolté, de cet ange en salopette, fascine Kerouac et Ginsberg: "c'était l'Ouest, le vent de l'Ouest, une Ode venue de plaines, soufflant dans leur vie jusqu'ici confinée. Cassady fonce, se défonce et à sa suite, Kerouac et Ginsberg commencent leurs équipées sauvages à travers le cotinent: les "cloches" de New York deviennent les "clochedingues" qui se font la belle, cap à l'Ouest, et sillonnent le pays, Cassady continuera d'ailleurs jusqu'à la fin de cette course effrénée: on le retrouvera au volant du bus bariolé des Merry Pranksters (voir article sur les Merry P) de Ken Kesey lors de leur voyage transcontinental de l'été 1963; en février 1968; il est trouvé inconscient près d'une voie ferré au Mexique.








    À Ginsberg, il aura enseigné, tabous levés, la découverte de son propre corps; à Kerouac, le sens du paysage américain comme un grand livre ouvert. Il y a dans Sur la route  du «lyrisme mignard» (Ginsberg), mais aussi un certain charme élégiaque, une mélancolie, comme un mal du siècle né du vertige des grands espaces. «Quel est ce sentiment qui vous étreint quand vous quittez des gens en bagnole et que vous les voyez se rapetisser dans la plaine jusqu'à finalement disparaître? C'est le monde trop vaste qui nous écrase et c'est l'adieu. Pourtant, nous allons tête baissée au-devant d'une nouvelle et folle aventure sous le ciel.» La beat generation participe ici d'un mouvement général de retrouvailles avec, ou de repli sur, l'Amérique qui tranche sur l'époque des expatriés et est caractéristique des années 1948-1952.Neal Cassady, ce cow-boy de la frontière, remplaçant, dans un espace recroquevillé, la lente transhumance par la nervosité des raids à fond de train, fut pour Kerouac un lien romanesque avec l'Amérique des migrants d'autrefois. La beat generation renoua ainsi avec la tradition du hobo  de Josiah Flynt (1901), de Jack London (The Road , 1907) ou de Vachel Lindsay, et se joua un remake  de la migration des pauvres Blancs des Raisins de la colère , sans le mordant politique. Chaque beat donna sa propre variation du vagabond. Le monde de Kerouac est celui d'un lecteur de Spengler attendant, dans le crépuscule de l'Occident, le salut d'un renouveau de la religiosité chez les oubliés de la terre, les «fellahs», ce qui n'est pas sans harmoniques avec le climat politique des années McCarthy. Puis l'influence de Gary Snyder viendra infléchir le vagabond vers le «clodo du dharma», le moine bouddhiste itinérant, le vagabond sous son ombrelle trouée: beat renverra alors à la béatitude, à la disponibilité qui ouvre à une nouvelle perception du monde.








    Une prosodie bop





    «Je veux qu'on me considère comme un poète de jazz qui joue des blues à une jam-session le dimanche après-midi. Je prends 242 chorus, mes idées varient, glissent parfois d'un chorus à l'autre, débordent l'un sur l'autre» (Kerouac, Mexico Blues , 1959). Pour Ginsberg, Kerouac a essayé de «jazzer» la langue américaine. Il avait un côté clochard de la Bowery improvisant sous le portail d'un immeuble. Dans les années quarante, il avait entendu, au Milton Playhouse de Harlem, Monk, Parker et Gillespie. Plus tard, il enregistra des haïkaï, accompagné par Zoot Sims et Al Cohn: «La semelle de mes godasses est trempée, j'ai marché sous la pluie










    Dans une Amérique de l'après-guerre, où l'influence du New Criticism  avait sclérosé l'inspiration poétique et l'avait cantonnée dans une sorte de préciosité frileuse, le grand apport beat fut de refaire de la poésie un art vocal. Il s'agissait désormais moins de lécher d'elliptiques distiques ironiques que de retrouver le beat, le tempo profond d'un solo de saxo montant crescendo jusqu'à la béatitude de son dénouement, sans se soucier des entraves de la grammaire ni des formes. D'où l'expérimentation de toute une série de techniques d'écriture spontanée, impromptue, sans révisions ni ratures, et le sens du texte rapide et qui s'efface qui restera la marque de tous ceux qui de près ou de loin (par exemple Richard Brautigan, né en 1935) ont subi l'influence beat.Cette prosodie bop aura surtout fait renouer l'écriture poétique avec le corps, et le souffle, comme le démontra magistralement Allen Ginsberg le soir d'octobre 1955 à San Francisco où il déclama son «hurlement» (Howl ), rythmant de son corps les versets de sa longue litanie suraiguë tandis que le public scandait comme dans une jam-session les laisses rythmées par le retour lancinant de la note profonde d'un Who  (qui) où le poète reprenait respiration pour relancer le chant comme une ritournelle de saxo «qui fit trembler les villes jusqu'à leur dernière radio». L'influence d'Artaud et de Rimbaud, le souvenir des illuminations de William Blake, la drogue, tout contribua au «long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens» qui, libérant la parole prophétique de ce nabi fou d'Amérique, lui faisait retrouver, ce dont il était parfaitement conscient, les sources vives de la tradition américaine, le souffle de Whitman, de Lindsay, de Sandburg. Cet aspect de la révolution beat, qui trouvait des échos dans l'Action Painting  des années 1947-1950 ou la théorie du «vers projectif» de Charles Olson (1950), fut important entre tous, contribuant aussi à sortir de l'ombre des poètes comme William Carlos Williams ou Louis Zukofsky, dont on n'avait pas jusqu'alors perçu l'importance.








    La mouvance beat

    La soirée d'octobre 1955 à San Francisco où Ginsberg lut Howl , la publication en octobre 1956 de ce texte par City Lights et le procès pour obscénité qui s'ensuivit firent éclater le mouvement beat dans le grand public américain. En septembre 1957, On the Road , écrit entre 1949 et 1952, trouva enfin un éditeur. En novembre 1959, la «rébellion» beat eut les honneurs de Life , le magazine illustré des familles. Un journaliste forgea le terme beatnik qui servit rapidement à désigner, comme on l'aurait appelée «zazoue» ou «existentialiste», la bohème des quartiers de Venice West, à Los Angeles, de Greenwich Village, à New York, ou de North Beach, à San Francisco. Du jour au lendemain, l'Amérique fut pleine de beatniks, c'est-à-dire, dans l'image que s'en faisait la grande presse, d'adolescents déguisés en clochards crasseux, cheveux longs et nu-pieds, trouvant des extases mystiques au fond de piaules grouillantes de cancrelats. Ce phénomène social des «rebelles sans cause» n'était pas toujours sans rapport avec le mouvement beat (par exemple, dans son culte de héros à la vie brève et violente comme Dylan Thomas, Charlie Parker, James Dean), mais il en travestissait gravement l'impulsion profonde, de sorte que tous les écrivains qui se sont trouvés un jour ou l'autre placés dans l'orbite de la beat generation se sont acharnés à se démarquer de ce label finalement «insultant» (Ginsberg): chacun a en effet sa personnalité propre et son propre cheminement que le terme beat brouille plus qu'il ne l'éclaire. Citons-les cependant, en vrac pour ainsi dire; ils ont en commun de s'être connus, d'apparaître bras dessus, bras dessous sur les innombrables photographies que la beat generation n'a cessé de prendre d'elle-même; mais tous pourraient dire, comme Gregory Corso, «la beat generation, ça n'existe pas ».








    Lawrence Ferlinghetti, dont la librairie City Lights fut à San Francisco le quartier général beat, est né à Yonkers, New York, «en 1919 ou 1920»; après un doctorat à la Sorbonne (1951), il a inauguré sa série des Pocket Poets  en 1955; il a traduit en anglais Paroles  de Prévert et publié en 1960 un roman, Her , proche du Nadja  de Breton ou du Nightwood  de Djuna Barnes. Philip Whalen est né en 1923 à Portland, dans l'Oregon: guetteur d'incendie, poète zen. Bob Kaufman est né en 1925 à La Nouvelle-Orléans: à treize ans, il est mousse dans la marine marchande et fait, en quinze ans, neuf fois le tour du monde. Philip Lamantia: né en 1927 à San Francisco, il découvre le surréalisme en peinture; Breton dira de lui qu'il est le seul surréaliste américain.








    Gregory Corso: né en 1930 à New York, une enfance ballottée de famille adoptive en famille adoptive, puis la prison, puis la rencontre avec Ginsberg








    Gary Snyder: né en 1930 à San Francisco, il participa en 1955 à l'historique soirée avant de partir pour le Japon. Michael McClure, né en 1932 au Kansas, était le plus jeune poète de cette soirée: à son intérêt pour la «composition par champ» et la calligraphie s'ajouta plus tard l'obsession du face-à-face entre Billy le Kid («le Jacob Boehme de l'assassinat») et Jean Harlow, «le yin et le yang» (The Beard , 1965). Dès qu'on s'éloigne du «noyau originel» (et new-yorkais), la mouvance beat se fait vaste et plus floue.









    Un autre regard 










     Orchestré par le maestro Ginsberg, l'explosion beat fut un grand coup de cymbales: on découvrit San Francisco. Le retentissement, toutefois, n'aurait pas été si grand ni si durable s'il n'y avait pas déjà eu sur la côte ouest toute une activité culturelle que peuvent résumer rapidement les deux noms de Kenneth Rexroth et de Robert Duncan.



     



    Kenneth Rexroth (né en 1903) était arrivé en 1927 du Middle West à San Francisco: dans cette ville, dit-il, la seule qui, colonisée par des marins et des aventuriers, n'ait pas subi l'emprise des puritains de Nouvelle-Angleterre ni des féodaux du Sud, se perpétuait la vieille tradition anarcho-syndicaliste des Wobblies (I.W.W.) du début du siècle. Alors que l'Est, sous l'influence conjuguée des marxistes de Partisan Review  et des agrariens de Kenyon Review , se fermait, toujours selon Rexroth, dans un repli provincial, San Francisco, ville ouverte, avait gardé le contact avec le mouvement moderniste de l'entre-deux-guerres (Pound, Eliot, Williams, Moore).






    Robert Duncan (né en 1919) illustre par son trajet cette même continuité pour avoir travaillé avec Charles Olson et Robert Creeley au Black Mountain College, ce «Bauhaus de Caroline du Nord» (S. Fauchereau), dont l'influence à long terme fut immense sur la culture américaine. C'est par ce qu'elle capta de cette double tradition, radicale et moderniste, que la beat generation eut le plus d'impact. Nul n'illustre mieux ce retour aux sources oubliées que Ginsberg. Échappant à la beat generation, il a transformé son sens dadaïste du happening en une stratégie politique. Chantant des mantras devant les baïonnettes, opposant à la paranoïa du Pentagone le satori  de la «nouvelle conscience», il est devenu une institution américaine, un prophète fils de Whitman à qui il finit même par ressembler. Mais le gourou de la jeunesse internationale, que les étudiants de Prague sacrèrent en 1965 «roi de Mai», ouvre ici un nouveau chapitre, tout comme le fait Gary Snyder. Si Allen Ginsberg fut le Walt Whitman de la beat generation, Gary Snyder fut son Thoreau. Élevé dans la forêt au nord de Seattle, il recueille l'héritage wobbly que Bob Dylan (né en 1941) ira chercher auprès de Woody Guthrie. La double expérience des réserves indiennes d'Amérique et des monastères zen du Japon l'amène à percevoir, sous les États-Unis, la conquête puritaine et industrielle, le continent perdu des Indiens, «l'Amérique, île Tortue». Earth House Hold , publié en 1969, décrit cette nouvelle perception des rapports de l'homme et du continent. C'est encore la beat generation, et déjà autre chose où se retrouve le legs de l'ancêtre William Carlos Williams, médecin à Paterson où Ginsberg était allé le voir, et auteur de ce traité beat avant la lettre, In the American Grain  (1933), où il esquissait cette autre version de l'Amérique que la beat generation aura beaucoup fait pour mettre au jour.









    Lecture de Kerouac







    Des sites..Des infos 











     




     







     


    Whisky Beat & Poésie (site français)





     

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    Merry Pranksters est le nom d'un groupe psychédélique qui se constitue au début des années 60 en Californie autour de l'écrivain américain Ken Kesey. Les Pranksters peuvent être considérés comme des précurseurs du mouvement hippie.















    L'histoire





    En 1963, Kesey achète une maison en Californie, à La Honda précisément. C'est dans cette maison que, petit à petit, va se constituer un groupe autour de lui et, surtout, autour du LSD (toujours aussi méconnu à l'époque) : les Merry Pranksters (littéralement "les joyeux lurons"). La vie passe de trip en trip ; il s'agit de se laisser aller, d'y aller à fond, d'être "synchro", de coller à l'instant, le plus possible. La maison est remplie de matériel audio, enceintes, câbles, micro, table d'effet sonore ; même les bois alentour sont sonorisés. Rien ne peut se dire, aucun bruit ne peut faire vibrer l'air sans qu'un micro ne puisse le capter, pour le renvoyer à un autre endroit, avec du décalage ou des effets sonores : il est par exemple tout à fait possible de l'intérieur de la maison de répondre à ceux qui tripent dans les bois. La Day-Glo continue de couler à flot, même les arbres sont peints, les troncs, les feuilles. On ne s'étonnera pas que les gens du coin, et les flics, finissent par s'interroger sur ces comportements pour le moins étranges. Mais à cette époque, le LSD n'est pas encore interdit et c'est pour possession de marijuana que certains Pranksters, dont Kesey, seront inculpés, avant d'être relâchés sous caution.












    Au début de l'été 64, les Pranksters décident de faire une virée à travers les USA. Ils achètent un vieux bus scolaire qu'ils repeignent à la Day-Glo et dans lequel ils entassent du matériel audio et video de toute sorte. Ne manque plus que le jus d'orange au LSD et les voilà partis. Le voyage est long, mouvementé et filmé. L'idée est de faire un film, un film sous LSD, une révolution dans l'histoire du cinéma : pas de cadrage, pas de scénario, juste la vie des Pranksters prise sur le vif. Chacun doit y aller à fond, jouer son rôle, être ce qu'il est le plus possible. De ces bandes, ils tireront, après montage, 40 heures d'images. Ce projet sera un véritable gouffre financier, Kesey investira une bonne partie de ce que lui avait rapporté son succès "Vol au dessus d'un nid de coucous".





    De retour, les Merry Pranksters reprennent leur vie sur fond de LSD, de marijuana et d'amphétamines. Ils accueilleront, entre autre, les Hell's Angels, qui viendront passer quelques jours et, pour certains, feront leur premier trip au LSD. Commencent aussi les "Acid Test", ces soirées où les gens sont censé faire "l'expérience du LSD sans LSD", grâce à un dispositif sonore, des effets de lumière (notamment les premiers stroboscopes), des projections d'images dans tous les coins, etc. C'est principalement dans ces tests que naît l'imagerie, les symboles, les codes du mouvement psychédélique. Il va sans dire que, dans ces soirées, la plupart des gens sont, malgré le slogan, sous LSD - la drogue est d'ailleurs souvent fournie par les Prankster eux-mêmes. Notons au passage que dans nombre de ces soirées, on pouvait entendre entre autres le groupe Grateful Dead, dont les guitares électriques faisaient partie intégrante du show.










    Un certain 7 août 1965  Les Merry Pranksters reçoivent : les vieux amis de Perry Lane, un tas d'intellectuels de San Francisco et Berkeley, Richard Alpert, Allen Ginsberg. Au son "grinçant et grasseyant" de "Mister Tambourine Man" de Bob Dylan, ils attendent, derrière une pancarte de 4m50 sur 1m : "Les Merry Pransksters souhaitent la bienvenue aux Hell's Angels". Ken Kesey avait connu des Hell's par l'intermédiaire de Hunter Thompson, l'auteur de Les Hell's Angels, une étrange et terrible saga.
    Vers 15h on commence à entendre : l'arrivée en formation de course, bruit d'une loco, à quinze kilomètres de distance. Ils savaient pas à quoi s'attendre, les Angels, c'était leur première invitation et ils verraient bien. Les Pranksters leur firent tâter du LSD. Sandy Lehmann-Haupt leur dédia un blues parlé d'une cinquantaine de couplets. "Allen Ginsberg se retrouvait devant le micro avec des cymbales aux doigts, dans chaque main; il se trémoussait, la barbe jusqu'au ventre, en chantant des chants hindous dans le micro, qui les répercutait aux quatre coins de la Californie, USA : "Hare Krishna...". Merde qu'est-ce que c'est que ce singe de Krishna - qu'est-ce que c'est que ce dingue - mais on ne peut pas s'empêcher, malgré vous, faut qu'on s'en paye là, avec ce mec là. Ginsberg les avait vraiment retournés, les Angels. Il représentait pourtant un tas de choses qu'ils haïssaient, c'était un juif, un intellectuel, un new-yorkais, mais il était incroyable, le plus à la coule des caves jamais rencontrés..." A la tombée de la nuit, les flics sont en faction le long de la route. Ils contemplent le spectacle de Neal Cassady entièrement nu, sur le porche illuminé, une bière à la main, gueulant "Hé vous, bande de vipères, bande d'enculés ! Merde alors, qu'est-ce qui ne va pas ? Venez par ici, voir un peu... Allez vous faire mettre, bande de pourris !... Faut pas me faire chier, bande de dégueulasses. Venez par ici. Merde, vous en aurez pour votre grade !". 
    La party dura deux jours. Suite à quoi les Angels déboulèrent d'autres fois chez les Pranksters. Ce qui amena quelquefois des moments assez lourds où on ne se sent pas forcément très à l'aise, mais que Kesey contrôlait. En tout cas il n'y a pas eu de morts. Il y eut même un personnage du nom de Freewheelin' Frank Reynolds qui passera progressivement des Hell's Angels aux Merry Pranksters et inspirera sans doute le personnage des Freak brothers de Shelton qui porte ce nom
    .












    Un certain 4 septembre 1965, les Beatles doivent se produire au Cow Palace dans la banlieue de San Francisco. Ce n'est pas loin de La Honda et les Merry Pranksters repeignent leur pancarte : "Les Merry Pranksters souhaitent la bienvenue aux Beatles" (après tout, ça avait bien marché avec les Hell's Angels : voir au 7 août). Revenant d'une semaine à Asillomar avec l'Eglise Unitarienne de Californie, les Pranksters s'entassent d'abord dans leur bus pour assister au concert avec chacun sa petite ration d'acide. En plein spectacle, complètement flippés et en mauvaises vibrations, ils repartent et trouvent, à leur arrivée à La Honda, trois ou quatre mille personnes alléchées par la pancarte et attendant. Et parmi eux Owsley, premier fabricant d'acides aux USA. ("Acide Owley" équivaut à dire "mis en bouteilles dans les caves"). Plus tard Owsley subventionnera un groupe musical, le Grateful dead. C'est de cela que naît ce qu'on appellera le "rock de l'acide" : de  l'enchevêtrement Grateful dead/Merry pranksters. Et au début de 1967, c'est ce rock qu'imiteront les Beatles dans Sergent Pepper's lonely hearts' club band, reprenant aussi l'idée du bus et du film.

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    Toute l'histoire des Panksters et de leur voyage psyché est racontée par Tom Wolfe dans son livre Acid Test (voir info dans rubrique livre).




    Deux sites sur les Pranksters (en anglais)



    http://www.pranksterweb.org/



    http://www.pooterland.com/index2/looking_glass/merry_pranksters/merry_pranksters.html


     



     


    Le site de Grateful Dead



    http://www.dead.net/index2.php



     


     


    En cadeau une très bonne radio web psychédilique (à écouter)



    http://www.techwebsound.com/


     




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  • PETITE HISTOIRE DU ROAD MOVIE






     BORN TO BY WILD





    Road movie avant l'heure, Les raisins de la colère (1940) démythifie l'idée du rêve américain et montre très précisément la déchéance des paysans alors chassés de leurs propres terres.
    Ce n'est qu'en 1969 que le genre road movie est réellement amorcé avec Easy rider qui se veut le reflet de l'esprit de liberté des années 68 et de l'Amérique à la dérive. Purement film « de routards », ses protagonistes reprennent la route des pionniers en sens inverse. Tourné en extérieur, ce nouveau genre se veut aussi l'opposé de la production proposée alors par les grands studios. Au même moment, Cinq pièces faciles (1970) et Les gens de la pluie (1969), L'épouvantail (1973) traitent du même anticonformisme.


     





     

    ROUTE EN CAVALE


    Quel plus beau prétexte au road movie que celui de la fuite ? Pourquoi s'arrêter à une simple course-poursuite dans les rues de la ville, alors qu'au-delà des frontières le jeu de chasse peut prendre des proportions démesurées, ajouter une dimension supplémentaire à la cavale. On pense tout de suite au célèbre couple Bonnie & Clyde (1967) qui sillonna les routes, semant la mort sur son passage. De nombreux films traitent du même sujet avec plus ou moins les mêmes ingrédients : un couple amoureux, une cavale, la mort au bout du chemin : Les amants de la nuit (1948) film noir; La ballade sauvage (1974) d'après un fait réel où un jeune garçon et sa petite amie de quatorze ans ont assassiné dix personnes durant leur sanglant périple; Sugarland express (1974) également basé sur un fait divers au cours duquel un couple, pressé de retrouver son enfant, prend un policier en otage et est alors traqué par des dizaines de véhicules de police. Cette traque fut en son temps couverte par les médias, ce qui attira d'ailleurs la sympathie de la foule pour ces hors-la-loi à l'instinct maternel. Cette même idée de couverture médiatique est largement exploitée par Oliver Stone dans Natural born killer (1994) où deux jeunes amants, couple de tueurs, se voient véritablement idolâtrés par la population.



     



    À voir aussi : Guet-apens (1993); True romance (1993); Kalifornia (1993); The doom generation (1994); Kiss or kill (1998).




    De par son côté seventies, Le convoi (1978) n'en reste pas moins un film de course-poursuite, réalisé à la gloire des routiers, avec l'inévitable shérif prêt à tout pour arrêter les contrevenants. Et de contrevenan ts, il en est bel et bien question dans Point limite zéro (1971), summum de l'excès de vitesse.






    À l'opposé de la cavale, où c'est généralement le méchant qui fuit, il y a la traque, la course poursuite à l'envers, où l'honnête citoyen se retrouve harcelé. Classique parmi les classiques, Duel (1972) est l‘exemple parfait de cette situation. Un automobiliste se retrouve pourchassé à mort par le chauffeur d'un camion. Suivront Roadflower (1993), où de dangereux psychopathes traquent une famille, et Une virée en enfer (2001) où l'on retrouve le mythe du camionneur fou.

    Si vous êtes en mal de cavales, en voici d'autres : Butch Cassidy et le Kid (1969); Mad Max - 1 (1979); Drugstore cowboy (1989); La chasse (1993); À toute allure (1994); Heaven's burning (1997).





    Road movie pour les moins atypiques, À bout de souffle (1959) de Jean-Luc Godard (nouvelle vague) et Les valseuses (1973), trio amoureux et déjanté fort sympathique, n'ont cependant rien à envier à leurs pendants anglo-saxons.

    Enfin, le thème du prisonnier qui s'évade et est traqué par les autorités se transforme aussi parfois en road movie. Down by law (1985) et son cousin O Brother (2000) sont des road movies où l'errance et l'introspection priment sur la cavale.






    FEMME AU VOLANT NE RIME PA TOUJOURS AVEC MORT


    Avec ses clichés de motard moustachu ou de camionneur poilu, on pourrait s'attendre à ce que le genre road movie ne tienne pas compte de la gente féminine. Au contraire, prenant en considération l'évolution des mœurs ou par besoin de casser ce stéréotype, on voit fleurir ça et là des films où les protagonistes sont des femmes. Ainsi, elles, qui prenaient déjà une place de choix en tant que passagères et compagnes dans les road movies de cavale, vont pouvoir se mettre derrière le volant.
    Thelma & Louise (1990), probablement le plus célèbre d'entre tous, est un film-clé de ce genre. Deux femmes voient leur vie transformée par ce voyage alors qu'il ne devait s'agir au départ que d'un simple petit week-end entre amies. Par après, d'autres scénarios assez semblables foisonneront : Avec ou sans hommes (1994); Crimes maquillés (2000); Gazoline (2001); Une blonde en cavale (2000).





    Côté introspection, la femme a aussi droit au chapitre. Sans toit, ni loi (1985), où Mona meurt de froid le long de la route, cette route qui, pour cette fille marginale, aura été compagne de vie; Adieu Babylone (2000) dans lequel une jeune femme décide de terminer le voyage commencé par l'homme qu'elle aimait; Les gens de la pluie (1969) : l'errance d'une jeune femme enceinte qui quitte son foyer; Merci la vie (1990) : deux copines, la route, et pour l'une d'entre elles le sida pour seul bagage; Jeunesse dorée (2001) où deux adolescentes prennent la route pour faire un reportage photo, ce périple constituant une première tentative de construction personnelle.

    Et, pour s'amuser un peu, que dire du film Even cowgirls get the blues (1993) si ce n'est que c'est dame nature qui va pousser une jeune femme sur la route, en l'affublant de pouces tellement disproportionnés que la seule fonction qu'elle peut en tirer est de faire de l'auto-stop. Un film légèrement féministe.








     RALENTISSEZ ! ATTENTION, ENFANTS







    La présence d'enfants dans un road movie ne paraît pas de prime abord évidente. Lorsqu'il est là, l'enfant, qui symbolise l'avenir, peut aussi, tel un miroir, faire resurgir l'enfance de l'adulte (acteur ou spectateur). Introspection dans l'introspection. Alice dans les villes (1973) incarne une jeunesse allemande qui erre à la recherche de ses racines dispersées depuis la fin de la guerre; L'éternité et un jour (1997) d'un écrivain mourant croisant un jeune orphelin qui deviendra son dernier compagnon de route; L'enfant et le soldat (2000) film iranien dans lequel un jeune militaire naïf doit conduire un enfant délinquant jusqu'à une maison de correction; In this world (2004) : long et douloureux parcours d'un enfant et d'un jeune adulte qui s'exilent de leur Afghanistan natal attirés par le monde moderne et regard éclairé sur le trafic de réfugiés qui payent parfois de leur vie le passage des frontières.

    L'enfant, accompagné d'un adulte, emprunte toutes sortes de moyens de transport pour retrouver un père ou une mère. L'adulte qui l'accompagne se voit replonger dans sa propre enfance, se voit redéfinir sa place en tant qu'adulte. Central do Brasil (1998) : un petit garçon venant de perdre sa maman est pris en charge par Dora, une femme d'âge mûr qui décide de le conduire auprès d'un père inconnu; Paysage dans le brouillard (1988) où deux enfants errent en Grèce à la recherche d'un père peut-être imaginaire; L'été de Kikujiro (1998) : sur les routes japonaises, un petit garçon escorté d'un dur à cuire qui va petit à petit s'adoucir; Paris, Texas (1984) : sur fond de cellule familiale complètement éclatée, un père revient voir son fils. Avant de pouvoir l'affronter, il doit d'abord se retrouver lui-même. Ils partiront ensuite à deux à la recherche de la mère; Marie (1993), enceinte, parcourant les routes de France et d'Espagne en compagnie d'un petit garçon échappé de l'orphelinat.






    Le voyage peut aussi être prétexte de rencontres, de retrouvailles : Le retour (2003) du père après douze ans d'absence qui entame un voyage avec ses deux fils; Les héros (1996) aux yeux d'une fillette de douze ans qui, brutalisée par son beau-père, part avec son vrai père en Suède ; Papa (2004) pour lequel le trajet servira à se rapprocher de son fils.

    Plus atypique, Un monde parfait (1993) pas si beau que cela lorsqu'on est voleur, criminel récidiviste et en cavale et qu'on est obligé de prendre un petit garçon de sept ans en otage. Une superbe rencontre entre ce truand et cet enfant en manque de père.

    Et si nos chères têtes blondes sont plus à même de participer à une comédie, c'est chose faite dans Fais-moi des vacances (2000) où deux enfants de banlieue, en congé scolaire, partent s'offrir des vacances par leurs propres moyens.





    VOYAGE INITIATIQUE

    Une route en ligne droite, un paysage vers l'infini, un panorama à 360 degrés, des kilomètres avalés, digérés et, comme seuls compagnons de route, l'errance et l'introspection...
    Wim Wenders est indissociable de cette approche. Pour preuve, sa trilogie de films de « voyages » avec Alice dans les villes (1973); Faux mouvement (1974), dans lequel il reprend le thème de l'après-guerre, où un jeune écrivain part sur les routes à la recherche de son identité et Au fil du temps (1975) qui raconte l'errance d'un projectionniste itinérant qui rencontre Robert, un homme un peu perdu. Ensemble, à bord d'un camion, ils sillonneront les routes de l'Allemagne coupée en deux.
    Dans le courant, Wim Wenders fondera sa propre maison de production « Road Movie Filmproduktion ».
    Après une petite trêve, Wenders reprend le thème du road movie et décroche une Palme d'Or au Festival de Cannes avec Paris, Texas (1984). Il réalise plus tard, Jusqu'au bout du monde (1991) dans lequel un homme parcourt le monde pour récolter des images qu'il ramène à sa mère atteinte de cécité.






    Autre réalisateur à enrichir le road movie : Gus Van Sant. Il traite le genre sur un ton assez léger avec Even cowgirls get the blues, et de manière plus sérieuse avec My own private Idaho (1990) où il aborde également le thème de l'homosexualité, retraçant l'itinéraire de deux jeunes prostitués décidés à retrouver la mère de l'un d'eux.

    Plus récemment, il réalise le surprenant Gerry (2002 ), un road movie à pied pour deux amis d'enfance qui vont s'imprégner et s'engouffrer dans le désert californien.





    Enfant de la rue, de parents gitans andalous vivant à Alger, Tony Gatlif en connaît un rayon sur la route et les gens du voyage. Et tout naturellement, plusieurs de ses films sont des road movies.

    Latcho drom (1992) qui signifie « bonne route » n'est ni un documentaire, ni une fiction, juste un film musical qui perpétue la mémoire des Gitans et restaure l'image de ce peuple déraciné, un voyage aux sources de la culture rom; Gadjo Dilo (1997) dans lequel Stéphane, un jeune Français, traverse la Roumanie à la recherche d'une chanteuse que son père écoutait dans les derniers moments de sa vie; Je suis né d'une cigogne (1998) : Otto, Louma et Ali fuient leur quotidien sans avenir en partant au hasard sur les routes. Ils rencontrent une cigogne blessée qui va donner un sens à leur cavale; Exils (2004) : Zano et Naïma décident de traverser la France et l'Espagne pour rejoindre Alger et connaître enfin la terre que leurs parents ont fuie autrefois. Avec la musique pour seul bagage, ils parcourent le chemin de l'exil à rebours.





    Et de retour à la terre des ancêtres, il est aussi question dans Kandahar (2001) de Moshen Makhmalbaf où une journaliste afghane installée au Canada tente de rentrer dans son pays alors aux mains des Talibans. Elle a reçu une lettre désespérée de sa sœur qui annonce son suicide à l'occasion de la prochaine éclipse solaire. Un road movie qui fait basculer le drame dans la tragédie par son parti pris esthétique qui accentue le surréalisme des situations.

    Petite perle qui nous vient d'Argentine, Historias minimas (2002) nous offre trois road movies en un, trois personnages qui convergent vers la grande ville, trois destins séparés dans l'immensité de la Patagonie. Un road movie à la fois intimiste et heureux.

    Côté français, Manuel Poirier nous prouve qu'il ne faut pas nécessairement d'immenses étendues pour réussir un road movie, et que les petites routes de France peuvent très bien s'y prêter. Après Western (1996), un plaisir filmique sur la rencontre entre un Catalan et un Franco-Russe qui vont faire la route ensemble, il réalise Les chemins de traverse (2004) qui reprend le thème de l'errance, de l'exil, et du duo - cette fois un père et son fils.

    Drôle de Félix (1999) va aussi emprunter des chemins de traverse de France pour partir à la recherche de son père. Pour Félix, chômeur et séropositif, la route va devenir une vraie leçon de vie, un bain de chaleur humaine.





    Il est également question de retrouver une famille dans le superbe Dream catcher (1999), long vagabondage dans lequel Freddy et Albert partent à la recherche de leurs parents respectifs.

    Et tous les moyens sont bons pour parcourir des centaines de kilomètres. David Lynch invente le road movie en tondeuse à gazon avec Une histoire vraie (1999), celle d'un homme qui apprend que son frère, avec qui il est brouillé depuis plusieurs années, est en train de mourir, et qui décide de lui rendre visite. Tout aussi atypique, l'Aaltra (2004), road movie en chaise roulante, interprété et réalisé par Benoît Delépine et Gustave de Kervem.

    À ne pas manquer, Mischka (2001), sorte de pèlerinage vers le bonheur, où trois personnes en mal de famille vont en reconstituer une au hasard des rencontres de la route. Avec une apparition éclair, mais non sans charme, de Johnny Hallyday.



    Pour les amateurs de bons vignobles, la route des vins californiens est le décor de Sideways (2004) et d'un voyage entre deux amis, l'un plutôt branché sur les femmes alors qu'il se marie à la fin de la semaine, l'autre plutôt branché sur les antidépresseurs et le vin, ce qui ne fait pas toujours bon ménage.

    Sur un ton beaucoup plus poétique, Ultranova (2005) de notre compatriote Bouli Lanners explore les autoroutes de Wallonie avec un sens inné de l'esthétisme.



     

    L' ART EST DANS LA RUE ET SUR LES ROUTES


     





    Que ce soit pour présenter un spectacle de cirque, La strada (1954); pour chroniquer la tournée d'un groupe rock, Presque célèbre (2000); pour monter un spectacle de travestis, Priscilla folle du désert (1994) et Extravagances (1995); pour chanter la misère et la lutte des travailleurs opprimés lorsque l'on s'appelle Woodie Guthrie, En route pour la gloire (1976); ou pour chanter du blues de bouge en bouge, Honkytonk man (1986); pour défendre une émission radio sur le point d'être supprimée, Tandem (1987); pour comprendre la musique à travers les rues de Cuba, Cuba feliz (2000); pour découvrir Marseille, la ville où les gens parlent fort parce que les battements de leur cœur font trop de bruit, La grande vie (2001); pour parcourir le monde à la recherche de nouveaux visages à peindre lorsque l'on est portraitiste, Sansa (2003), pour se lancer dans la magie Voyageur & Magiciens (2003)...
    ... artistes, gens du spectacle, chanteurs, saltimbanques en tous genres sont amenés un jour ou l'autre à prendre la route.






     



    LA PLACE DU MORT


    Sujet pour le moins saugrenu, quelques réalisateurs ont utilisé le transport d'un mort comme prétexte narratif au road movie . Et quand on se retrouve avec un cercueil comme passager, l'expression « prendre la place du mort » atteint toute son apogée...
    Les arcandiers (1992), ce qui veut dire glandeur en patois, décident de kidnapper le cercueil de Bernadette Soubirou et de l'acheminer jusqu'au Brésil; Guantanamera (1995) retrace les péripéties d'un transport mortuaire à travers l'île de Cuba; Mille bornes (1998) c'est la distance à parcourir pour quatre amis désireux d'exécuter la dernière volonté de leur ami défunt; Ceux qui m'aiment prendront le train (1997) pour assister aux funérailles du peintre Jean-Baptiste Emmerich, voyage durant lequel tous les gens qu'il a aimés et détestés pourront entamer le long processus de deuil.





    D'ailleurs, l'idée de mort est poussée à son paroxysme dans Dead man (1995), road movie en noir et blanc intemporel pour une initiation à la mort.



     







    UN PEU D'AMOUR, BEAUCOUP DE SEXE


    Sailor et Lula (1990), couple passionné créé par David Lynch qui nous entraîne sur les routes de Californie, mélangeant romantisme, émotion, folie, violence. Un classique.
    En attendant le très controversé Brown Bunny de Vincent Gallo, le tout aussi dérangé et dérangeant Twentynine palms (2003), du nom d'une petite ville de Californie, raconte l'histoire d'un couple à l'activité sexuelle bestiale dans un road movie épuré.
    Un peu à l'image du film Les Valseuses (1973), Et même ta mère ! (2001) relie les trois côtés d'un triangle amoureux composé de deux adolescents inexpérimentés et d'une femme plus âgée qui va leur faire découvrir le sexe et l'amour... mais surtout le sexe. Sur les routes du Mexique, nos trois comparses insouciants traversent un pays à la dérive.







     

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     ENTRE DEUX VILLES....LE ROAD MOVIE



     


    INTRODUCTION


    Genèse géographique et temporelle, le road movie est tout d'abord un genre cinématographique.
    Sa traduction littérale, film de route, peut sembler bien terre à terre au regard des vastes étendues désertiques que ce genre véhicule.
    Même si certains reprennent dans ce dernier tout film se passant sur la route, il est d'autres critères supplémentaires nécessaires à sa définition. Ainsi, au-delà de son utilité première de connexion entre deux localités, la route est une métaphore de la vie, avec le temps qu'on y passe, la croisée des chemins ou les voies sans issues. On prend la route pour rejoindre une ville, une famille, un rêve, ou pour fuir ce que l'on abandonne derrière soi. Elle peut être aussi un lieu de vie, de rencontre, un lieu propice à l'errance, à la liberté, à l'exil. Et pour certains, cette perpétuelle transhumance est le seul moyen de retrouver une identité ou de la perdre définitivement.
    Ajoutons enfin que le road movie est intimement lié à l'idée du rêve américain, de ces pionniers qui ont pris un jour la route. D'ailleurs, il ne serait pas faux de parler de nombreux westerns évoquant déjà l'errance du cow-boy solitaire sur son fidèle destrier.

    Sans toutefois être exhaustive, cette sélection vous invite à faire le plein d'informations sur le sujet...


     



     


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